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Mlle Pied

28 novembre 2011

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Les Québécois ne disent pas  « pièce » lorsqu’ils parlent d’argent, ils disent « piasse ». Ben tiens.

Les Français comprennent, répètent et écrivent « pièce ». J'avoue, c'est plutôt joli. N'y-a-t-il pas plus pièce de monnaie qu'un beau dollar neuf et scintillant? Ça n’a pourtant rien à voir. Piasse vient de piastre. Avec des "ss", ça glisse plus sensuellement dans nos cavités buccales. Le même genre de procédé que pour le mot artiss (quoi que, selon le contexte, ce peut aussi être de l'ironie. S’il y a tellement de « s » que vous croyez entendre un serpent, ce n’est habituellement pas très gentil).

Concernant la piastre, il s’agit d’une très ancienne unité monétaire dont je vous épargne le long historique. 

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Pourquoi je vous raconte ça aujourd’hui? N'est-ce pas connu de tous? Et bien non. Il se trouve que j’ai reçu un avis somme toute assez formel, tapé par un employé français (j'ai vérifié son identité), lequel m’informait que mon état de compte s’élève toujours à cinq cents pièces. Ça m’a fait sourire. J’en ai presque oublié ma situation financière peu glorieuse. J’entends quotidiennement les Hexagonaux le dire, mais de là à l'écrire formellement... Je me devais donc de rectifier sur cette plate-forme! Si ça m’amuse, c’est que ça signifie que les Français pensent que nous prononçons « pièce», «piace ».  Allô l’accent! Tout droit sorti des profondeurs de la Terre. Ou du moins, de la Gaspésie.

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Nous pourrions donc aussi dire:

 “Yo, as-tu vu la dernière piace de théâtre de ChoseBine?” 

-          Ah non, les piaces de théâtre, j’aime pas trop ça. C’était intéressant?

-          Bof. Pas certain que ça valait vraiment cinquante piasses. En tout cas, tout un artissssssss ce Bine!»

piassssss[1]

 

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 Utilisations fréquentes:

- Faire la piasse avec un projet.

- Mettre un quart de piasse dans le jukebox.

- Aller au magasin à une piasse parce qu'on y trouve tout ce qu'il faut pour être heureux.

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4 octobre 2011

- Acheter le livre-

Dès maintenant vous pouvez acheter le livre en ligne! Ça, c'est pour ceux qui ne pourront pas se rendre à la librairie Le Port de Tête (car le livre y sera aussi en vente dès le 6 octobre à 17h, on l'a déjà dit)!
Le bouquin c'est:
EXCUSEZ LEUR ACCENT de Marie-Pier PICARD, illustré par Lilite Sohn
  • 120 pages
  • tout couleur!
  • format: 5 1/2 x 8 1/2
  • Imprimé dans l'entreprise d'insertion socioprofessionnelle Imprime-Emploi

18$ -sans les frais de port-
-choisir la destination dans le menu déroulant-

- livraison -
29 septembre 2011

- Plus qu'une semaine avant le "WooT WooT!" ultime! -

                                                      3D

 

Français comme Québécois,

ATTACHEZ VOTRE TUQUE : dans une semaine pile poil, le livre tant attendu (oui, oui, vous l’attendez, ne faites pas semblant) se retrouvera sur les tablettes de la librairie LE PORT DE TÊTE (leportdetete.blogspot.com)

Les derniers jours ont été éprouvants : soucis techniques, conscience nouvelle d’un budget défaillant, disparition subite de tous les accents et majuscules du texte, autre erreur technique... Oulalalala.

MAIS

grâce au travail acharné de ma fidèle illustratrice LILITE et de BENOÎT un pur magicien de la mise en page (www.benoitsourrieu.com)- qui s’est même avéré aussi indispensable et réconfortant que des caches-oreille en fourrure à 35 degrés sous zéro - nous en sommes FINALEMENT venus à bout!

WooT WooT !

On vous attend en grand nombre dès 17H30, JEUDI LE 06 OCTOBRE!

Mlle Pied

Ps : À ceux qui m’ont déjà confirmé leur présence : vous ne pourrez vous désister que sur la présentation d’un billet du médecin VALIDE. Merci.

 

                                          Excusez leur accent

 

                                                                     

                                           

 

 

16 juin 2011

De retour: on change de formule!

De retour: on change de formule !


 redemarrage1

 

Les statistiques du blogue ne mentent pas : vous avez aimé entendre parler des Français, de plus en plus nombreux à s'installer dans notre Belle Province. Et ce, que vous en soyez un ou pas. Cet intérêt nous fait grandement plaisir!

Voilà pourquoi nous avons décidé de passer du blogue au bouquin. Vous avez bien lu : un sympathique livre tout coloré et ludique verra le jour sous peu! Et il contiendra un tas d’exclusivités!

D’ici octobre, mois du lancement, nous travaillerons d’arrache-pied pour vous pondre quelque chose de bien. Et, bien sûr, vous ne serez pas en reste. Nous avons besoin de votre aide!

Français comme Québécois, il y a un petit quiz à remplir! Les passages les plus pertinents seront ensuite sélectionnés pour la publication.

 

Faites nous faire part de votre intérêt au mllepied@gmail.com et vous le recevrez pronto!

 

                                                

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Continuez à nous suivre les loulous!

Mlle Pied et Lilite

27 avril 2011

le kit du parfait français

 

Le kit du parfait Français

 

 

kitfr

 

 

 

On leur a demandé ce qu'il contenait, ce fameux sac. Voilà ce qu'ils nous ont répondu:

- Un visa, bien sûr

- Un logement sur le Plateau Mont-Royal

- Avec une terrasse

- Un BBQ, pour mettre sur la terrasse

- Fromages-vin-baguette (ouais, bon...)

- Une bicyclette avec une caisse à lait sur le porte bagage

- Ou une clé Bixi

- Un casque

- Une chemise à carreaux (pour se donner un petit air Québécois)

- Un abonnement au YMCA

- Une passe pour le Piknic Electronik

- L’hiver, une passe de saison à Bromont

- Un tapis luge crazy carpet (pour aller glisser une seule fois, 15 minutes, un dimanche au Mont-Royal)

- Une carte Opus

- Un sac Eastpack ou Quechua

- Une bouteille de Picon

- Une grande gueule (ce n'est pas moi qui l'ai dit...)

- Un exemplaire de Fluide glacial

 

 Voilà ce qu’ils oublient:

-  Une bouteille de Pastis

-  Du foie gras (envoyé par maman à Noel)

-  Du tabac à rouler

-  Des produits  Le petit Marseillais  ou  La Roche-Posay

-  L’écoute régulière du Zapping

Des boules de pétanques

- Une mystérieuse carte bleue (crédit et débit mélangé? Ah ouais?)

- Une insatiable envie de faire la fête!


 

 

 

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21 avril 2011

- Problème à la souche -

Angoisse à la souche

souche

Le xénophobe est irrationnellement hostile envers les étrangers. Contrairement au racisme, la xénophobie n’inclut pas la notion de supériorité d’une race face à une autre. On parle plutôt de chauvinisme, d’hostilité.

Les Québécois ont la réputation d’être très accueillants. Et ouverts. Cette affirmation est valide, mais pour une partie de la population seulement. Certains encroûtés sont seulement passés maîtres dans l’art d’être de bons hypocrites. Et ces derniers sont plus nombreux qu’on ne le croit. On dit parfois que les Québécois sont des Français heureux. Beaucoup sont aussi râleurs que les Français, la différence c’est qu’ils le font en cachette, tels de vicieux petits gamins!

Pourquoi tant de Français se plaignent-ils qu’ils n’arrivent pas à se faire d’amis québécois ici?

Parce que l’accueil de l’autre, aussi chaleureux soit-il, va rarement au-delà de la simple politesse.

Une fois l’étranger parti, ravi par cette belle cordialité, une fois que la porte s’est refermée derrière lui, croyez-vous que ses hôtes peuvent se retenir de commentaires négatifs, même à mots couverts? Rarement. Combien de Québécois m’ont jugée parce que je consacre du temps à l’écriture d’un livre sur ces mêmes étrangers? Trop! Il y en a que ça agresse, qui me disent avec sarcasme : « Pis? Comment tu vas l’appeler ton livre? Les Français, mes amours? Ou plutôt Les Français, ces gens tellement supérieurs aux Québécois? »

Arfff.

Lâchez-moi ce complexe d’infériorité! Elle est là l’épine dorsale du problème : le Québécois est parfois mal à l'aise avec l’étranger parce qu’il n’a toujours pas confiance en lui. Il s’est tellement cherché. Il s’accroche désormais à ce qu’il pense avoir trouvé comme identité et sue d’angoisse à l’idée d’être déstabilisé. Voilà qui peut le rendre inquiet – xénophobe dans certains cas. Le Français parle « mieux » que lui, a une personnalité plus forte et ô combien plus de charisme! Que c’est embêtant!

Elle est difficile à déraciner cette gêne diffuse d’être Québécois… Apparemment, notre passé, alors que les élites d’ici parlaient à la française pour faire preuve de leur supériorité, nous hante toujours.

 

Du concret

Dimanche après-midi rue Ste-Catherine Ouest. Balade au soleil. Derrière moi, deux hommes dans la trentaine discutent. J’apprends qu’un des deux comparses s’est fait voler (pour autant que ça puisse se voler) sa blonde.

 

-         Quissé qui est parti avec? demande l’autre

 

-         Un OSTIE de Français!!!

 

La discussion continue. Si au moins, son ex était partie avec un Québécois… BEN NON CALICE. Fallait qu’elle choisisse un criss de snob!

 

-         Ça ben l’air qu’en plus d’nous voler nos jobs pis nos loyers, y’ont décidés d’nous prendre aussi nos femmes!, lance son copain - un cliché ambulant -  avec une parlure digne du dix-neuvième siècle.

Juste avant de traverser la rue, je me retourne pour leur lancer un regard de feu.

 

Sa blonde ne s’est pas fait voler par un ostie de Français. Elle est partie — de son plein gré oui, oui — avec un autre homme. Point à la ligne. On peut être charmé par les qualités ou la beauté de quelqu'un, mais sûrement pas par sa francité. En tout cas, pas au point de foutre en l’air son couple actuel. À mon humble avis.

Soir de canicule. Je dors la fenêtre ouverte. Cette dernière donne sur le Divan orange, un bar-spectacle. Des cris me tirent du sommeil.

 

-         Non! C’est juste que j’en ai plein mon cass de me sentir comme un criss de tas de  marde!

 

Une chicane! Je me lève et, carnet en main, sors par la fenêtre pour me poser sur la corniche. Seul public du spectacle.

 

-         Ça, c’est un peu ton problème, mec. Déjà, peut-être que si tu commençais par apprendre à parler… renchérit un petit homme à l’accent pointu.

 

Wow! Une chicane franco-québécoise! Il n’a pas tort, l’enragé est franchement vulgaire.

 

-         Tu penses-tu vraiment que j’ai envie de parler comme toi? Comme un ostie de fif de suceux de graines de calice?!?

Ouche. Quelle avalanche de grossièretés. C’est loin d’être une insipide chicane d’ivrognes. Le Montréalais ne vomit pas que sur l’homme en face de lui, mais sur sa culture et tout ce qu’elle représente. Je n’entends pas ce que le Français répond, mais le Québécois s’emporte, perd toute dignité. Il dérape. En hurlant, il ordonne à son interlocuteur de retourner dans son pays « au plus sacrant! ». L’autre, qui semblait avoir gardé sa contenance tout au long de l’altercation, fait quelques gestes nerveux et finit par se sauver dans le bar, visiblement effrayé. Le Québécois, voyant cela comme une victoire se moque de celui qui ne l’entend plus, s’allume une cigarette, fait trois petits tours et puis s’en va. Fier.

De quoi? Je ne le sais pas.

Des exemples comme ça, j’en aurais assez pour vous pondre une brique.

 

Le Québécois : un p’tit comique 

V. F., un Breton qui a vécu plus de 9 ans à Montréal, m’expliquait que ce qui l’avait frappé, c’était notre tendance à ce qu’il qualifiait de « racisme humoristique »: « La bonne blague aux dépens du Français de service, celle qui joue sur des stéréotypes un peu usés mais si partagés ». Du racisme « acceptable », selon lui.

J’ai également remarqué ce phénomène. Il faut faire la différence entre plaisanterie et intolérance somme toute officielle. Blaguons : le Français qui pue! Haha haha! Hi-la-rant! Acceptable?

Blaguons encore :La Burkinabéqui pue!

Oh. Hum. Étrangement, ça ne passe pas aussi bien.

Et pourquoi d’après vous?

 

V. F. a-t-il vu plus que ce « racisme humoristique »?

« Dans la rue, quelques « Ostie de Français! » par-ci, par-là, souvent dans des circonstances idiotes et pas justifiées. Mes “Va donc chier! ” ont dû en surprendre plus d’un… »

Que voulez-vous, le Québec est l’endroit où il y a le plus d’humoristes par habitant. Nous avons même la seule école de l’humour au monde. Faire passer ses messages par une bonne blague, c’est tellement nous. Je n’imagine pas ça autrement.

 

 .   .   .   .

 

La vérité, c’est qu’on les considère suffisamment choyés par la vie pour se permettre de les calomnier, de dire à voix haute qu’ils nous tapent sur les nerfs, de les poignarder dans le dos en ricanant. On n’a pas pitié d’eux. Surtout lorsqu’on sent qu’ils nous méprisent. Ou qu’on connaît quelqu’un qui nous a raconté avoir été pris de haut par l’un d’eux. Ou même si on ne connaît personne à qui c’est arrivé. Parce qu’on sait bien que ces maudits Français sont toujours méprisants. Voyons, qui l’ignore encore?

Nous considérons toujours nos moqueries comme étant de bonne guerre.

 

Les pires cas sont ceux qui tapent à l’oeil

Il y a de multiples catégories de Français. On ne peut les mettre dans le même panier.

Par exemple, il y a celui qui est fraîchement débarqué. Celui-là, il est presque toujours chiant. Que voulez-vous, ce n’est pas vraiment de sa faute. Il DOIT tout comparer à la France. Chaque personne est unique, soit, pourtant les Français en terrain inconnu ont visiblement tous les mêmes mécanismes de pensée. Ceci ou cela est-il mieux que ce qu’on a à la maison? Ceci ou cela est-il aussi bien que ce qu’on avait imaginé? Ceci ou cela est différent de ce qu’on connaît alors c’est normal d’en rire. Ce n’est pas de la méchanceté. On peut quasiment considérer que c’est inscrit dans le code génétique de tous les Hexagonaux. Ce Français-là, il faut l’endurer un peu, le temps que son syndrome s’estompe et que ce masque maudit tombe pour laisser la place à quelqu’un d’ouvert et d’agréable.

On ne peut comparer le Français qui veut de tout son cœur bien s’intégrer et faire sa vie ici au gosse de riche méprisant qui vient faire H.E.C à Montréal et se fout totalement des locaux. Ce dernier sait pertinemment qu’après avoir décroché son diplôme, il rentrera au bercail et ne remettra plus jamais les pieds en sol québécois. Voilà pourquoi il n’en a rien à battre et se conduit si mal. On ne peut comparer Valérie, dynamique propriétaires du café C’est la vie! à Val-David à ce trentenaire - originaire du sud dela France qui a gommé son accent pour parler à la parisienne - qui habite à Montréal parce que ce n’est pas loin de New York. Ce mec obsède sur les États-Unis. Il parle anglais aux francophones pour afficher avec orgueil son bilinguisme tout neuf. Il regarde de haut les pauvres petits canadiens-français que nous sommes et qui ne savent pas, selon lui, parler normalement le français ni l’anglais. Bien entendu, il est profondément détestable.

On l’a assez dit, des connards, il y en a dans chaque culture. Et c’est précisément eux les personnages les plus démonstratifs. On ne peut pas leur en vouloir. Ils ignorent leur connerie. Tentons alors de relativiser ce qui est « relativisable ».

 

Bienvenue à la campagne!

En région, les habitants sont moins habitués de flirter avec des étrangers. On peut se heurter à des mentalités très, très rances.On y trouve quantité de gens apparemment sensés, intelligents et très affables. Ces mêmes gens qui, vingt minutes plus tard dans la conversation, peuvent vous déballer nonchalamment tout un éventail de clichés pour le moins douteux.

 « Vraiment? 

 -         Oh oui ma petite-fille! Khadir, c’est juste un maudit arabe! Il va vous imposer la charia! »

 

Qui s’inquiètent de savoir s’il y a des noirs dans le quartier où vous habitez.

Qui ne peuvent concevoir une vie commune avec des Français… « Mais comment tu fais? Ce doit être in-sup-por-ta-ble! »

Vous voyez ce que je veux dire?

Loin d’être de la méchanceté, je crois qu’il y a surtout un grave déficit de connaissance à combler.

Est-il nécessaire de dire que je ne mets pas tout le monde dans le même panier? Peut-être. J’aimerais bien qu’on ne me crache pas au visage la prochaine fois que j’irai visiter mon adorable famille. Vous savez, moi, je généralise. C’est quand même plus simple que le cas par cas…

 

 .   .   .   .   .   .

 

On est fiers d’être Québécois d’origine? Et bien, nous, gens « de souche » nous croyons venir d’où au juste? Un peu comme si nous n’avions pas d’origines, comme si nous étions nés de la terre du Québec, tout comme nos ancêtres et que ça n’allait pas plus loin? Non, nous ne sommes pas nés d’une souche!

J’imagine déjà certains de mes compatriotes crier d’indignation, déchirer leur chemise ou casser le vase le plus près. Je ne nie absolument pas l’existence du « Québécois de souche » (on m’informe à l’instant qu’il faut maintenant dire Québécois d’origine canadienne-française. Soupir). Nous avons ces manières d’être et de penser qui nous sont propres. Je me plais à croire que je reconnaîtrais probablement un Québécois d’origine, n’importe où, n’importe quand. Même sans son accent.

Seulement,  il faut garder en tête que nous avons tous été fécondés par des sources extérieures. Forcément.

Nous venons tous d’ailleurs.

De France, entre autres!

Et justement,la France, avec ses problèmes liés à l’immigration, devrait suffire à nous donner une leçon. Loin de moi l’idée de comparer nos enjeux interculturels — relativement mineurs - avec les difficultés plus graves qui sévissent dans l’Hexagone depuis plusieurs années. Seulement, il faut considérer tout le mal que ça fait, et que ça peut faire. Faisons gaffe!

 

« À qui est heureux, la lutte des classes semble soudainement secondaire », écrivait Muriel Barbery. Il en est de même pour la lutte des cultures. Alors, on prend confiance, on sourit, on s’ouvre et ainsi, on accepte de s’enrichir avec ce que nous offre l’autre, l’étranger.

 


6 avril 2011

-Le mois d'avril-

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2 décembre 2010

Incorrigibles râleurs

- Incorrigibles râleurs-

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On l'a remarqué, le Français à l'étranger a trop souvent tendance à être chauvin. Mais même chez lui, il passe beaucoup de temps à maugréer contre la politique, la religion, la températures, ses collègues...tout! Alors, je me demande, le Français moyen a-t-il absolument besoin de râler pour se sentir vivant?

11 novembre 2010

- Autour de la table, on s'use les fesses! -

 

- Autour de la table, on s'use les fesses! -

 

 

 

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Diderot disait que le Roquefort était le « roi des fromages ». Difficile pour moi d’être d’accord. Ce produit de lait de brebis cru, inventé il y a près de 1500 ans, m’est ô combien répulsif! Un soir, j’ai demandé à un ami – Français bien sûr – qui avait bien pu concevoir un tel fromage, le trouver délicieux et décider d'en produire plus. Il s’est vexé :

« Vous les Québécois, vous qui êtes élevés au Cheezwhiz, comment osez vous dire que nos bleus sont dégueulasses?! J’en ai marre d’entendre ça! C'est insultant à la fin!»  

1-0 pour l’offusqué. 

J'ai en effet été élevée au Cheezwhiz, ce produit jaune à la composition douteuse, bourré de colorant. À la maison, nous en mettions partout : cèleris, craquelins, toasts, potages, hot-dogs…

Fin de la discussion sur le Roquefort. Je me soumets à cet argument béton en me promettant de ne plus jamais hurler : « C'est dégueulaaasse! ». Ni de poser des questions du genre : « Vous ne trouvez pas que ça goûte le vomi? ». 

On ne badine pas avec la bouffe… Encore moins avec la leur.

 

Un rituel qui les accompagne urbi et orbi

Septembre 1914, lors de la bataille de la Marne, à proximité de Paris. Le commandant Ferdinand Foch se rend hâtivement au quartier général afin de rencontrer Joseph Joffre, commandant en chef. À son arrivée, Joffre lui demande s’il veut déjeuner, précisant qu’il y a du veau. Médusé, Foch lui rappelle que le but de sa visite est d’aborder d’urgence certaines questions cruciales. Joffre escamote le sujet en lui demandant plutôt : « Alors, comment aimez-vous votre veau? » 

Cette anecdote illustre bien à quel point dans l’Histoire de toutes les passions françaises, la nourriture occupe une place de choix.

Le cérémonial culinaire des Français peut être étonnant pour les non-initiés. À l’heure des repas, on a parfois l’impression de frôler le sacré. Cet attachement à la coutume semble quasi inexistant chez nous. Pour l'Hexagonal, non seulement on doit respecter une structure précise, mais il faut aussi que le repas devienne un moment d'échange satisfaisant. C'est aussi important, voire plus, que de bien remplir son bide. Ici, on croit avoir le sens du rituel lorsqu'on se réuni pour manger en famille et que Tante Trucmuche sort une dinde du four. On accompagne le tout d'une salade et de purée de canneberges. Oui, la scène est la même chaque année. De mon point de vue, ce n'est pas comparable.

Le pâté à la viande du 24 décembre, le buffet froid avec le pain sandwich et les trempettes. Tout ça, c’est du rituel de surface, d'occasion, parfois même perçu comme une « corvée familiale ». Ça n’existe que pour les fêtes et quelques circonstances spéciales. En vérité, dans la vie de tous les jours, la majorité des Québécois mange n'importe quoi, devant la télé. Souvent en solo.

bouffe2

Les Français qui m’entourent sont jeunes et suffisamment ouverts pour désirer habiter à l’étranger. Ils arrivent pourtant à conserver une part impressionnante de leurs traditions. Ilen effet, il y a peu de chances pour qu’ils changent leurs habitudes alimentaires au profit des nôtres. On a récemment rapporté que l’Américain moyen soupait en six minutes. Je n’ai pas les données concernant les Québécois mais fort à parier qu’on reste dans les mêmes eaux. Des chiffres qui ont de quoi répugner les amoureux de la table.

N’oublions pas que c’est en Europe qu’a été inventé le mouvement slow food au milieu des années 80…

Ici, nous mangeons comme nous faisons le plein. L’image de nos stations-services annexées d’un ou plusieurs restaurants-minute représente bien notre amour de l’utilitaire (même si on en trouve aussi de plus en plus en France, mondialisation oblige).

Le dédain qu’ont les Français par rapport à certaines de nos coutumes alimentaires est donc aisément compréhensible. La vitesse d’ingestion, les produits industriels trop salés, le plat sans accompagnement, tout ça signifie pour eux l’ennemi du savoir-manger… et du savoir-vivre!

S’il arrive parfois que quelques habitudes changent, c’est habituellement la faute du prix des aliments. En effet, ils font tous le même constat : au Québec, se nourrir est onéreux. Manger à bas prix équivaut souvent à ingurgiter des produits très bas de gamme de type Kraft Dinner. Mélodie, 27 ans, installée ici depuis deux ans, s’indigne : « Je crois m’être adaptée au Québec sur tous les plans sauf sur la nourriture. Ça me choque encore de devoir payer si cher. Le prix des fruits est aberrant! J’achète seulement ce qui est soldé. Du coup, je mange rarement ce dont j’ai envie. »

Il n’y a d’ailleurs pas de meilleurs stimulants pour le côté délinquant (présent dans la plupart des Français) que ces factures trop élevées.

 

 À portée de main

Je m’aventure ici sur un terrain glissant…

Il peut paraître litigieux d’affirmer ceci, pourtant c’est une réalité bien connue : les Hexagonaux sont de grands adeptes du vol à l’étalage. Il y a quelques années, le Figaro publiait l’article Les Français : rois du vol à l’étalage, dans lequel on comparait la France aux autres pays d’Europe à ce sujet. Les chiffres étaient clairs : en France, on dérobe plus que partout ailleurs. Chaque année, on vole pour à peu près l’équivalent de 81 euros par habitant.

Ce n’est pas en changeant de pays que les mauvaises habitudes changent. D’autant plus qu’au Québec : « c’est trop facile de voler! Il y a peu de surveillance et tous les commerces ne sont pas munis d’un système antivol » m’affirme une Toulousaine adepte du vol à l’étalage — qui gagne pourtant très bien sa vie à Montréal – en exultant.

Français, ne soyez pas outrés par mes propos. Ce que j’affirme, je l’affirme pour l’avoir trop vu. Et pas que chez ceux qui ont une situation financière précaire. Un soir, dans une fête (de Français), les convives exposaient avec fierté leurs meilleurs vols à Montréal. Je n’en croyais pas mes oreilles. Ce n’était pas de délits dont il était question, mais d’exploits.

Comme le dit si bien ma réviseure, qui désapprouve cette manie : « Je ne suis même pas certaine qu’ils voient ça comme du vol. Ils se disent sans doute que c’est trop facile, qu’ils ne peuvent pas ne pas le prendre… »

 

S’adapter à l’horaire

Le matin et le midi, mes Français doivent manger rapidement et ils le font habituellement postés devant leurs ordinateurs. Il ne pourrait en être autrement : qu’ils travaillent ou qu’ils étudient, ils ont un horaire à respecter. Le seul moment où ils peuvent enfin se reprendre pour toute cette nourriture ingurgitée à la hâte, c’est lors du repas du soir. Notre souper, leur dîner.

En ce qui me concerne, matin-midi-soir, manger = mettre du carburant dans le moteur. Le meilleur possible et en moins de temps possible. Parce qu'il y a des tonnes d'autres choses à faire, parce que je n’aime pas m'attarder trop longtemps autour d'une table ni manger exagérément (inévitable si je m'éternise). Comme tout le monde, j’aime bien aller au resto et papoter quelques heures autour d'un bon plat. Sauf que, dans la vie quotidienne, j'ai du mal à tenir longtemps.

Pour eux, manger = moment de convivialité protocolaire. Jamais je n'ai vu des gens passer autant de temps à s'user les fesses sur les chaises de la cuisine. Ils aiment tellement parler, débattre... Ça leur sied à merveille. Comment pourrait-il en être autrement?

Il y a l'apéro, qui dure d’une à trois heures, et durant lequel on boira quelques verres en chipotant dans un bol d’olives. L'entrée. Pause. Le plat principal. Pause plus longue. Dessert. Parfois, il y a même le fromage! Et on restera autour de la table jusqu'à l'heure du dodo. Je languirai en regardant notre beau divan et en me demandant: « Mais pourquoi on ne passe pas au salon? » Assise sur le sofa, munie d’une bonne petite bière froide, je discuterais des heures. Tandis qu'installée sur une chaise, légèrement endormie par le vin, avec de la vaisselle sale dans mon champ de vision... Bof.

Contrairement à ce que je laisse entendre, j’aime ces soirées! On vit de bons moments, on bavarde, on s’obstine et on rit. C'est agréable. Et ce, même si on me reprend constamment sur mes manières : « On ne coupe pas le gâteau comme ça. » Grrr. « La salade ne va pas dans ce contenant mais dans le saladier. » Soupir. « Le fromage, ça se coupe avec le couteau à fromage. » D’accord, d’accord… « Il faut absolument des marrons avec la dinde! » OK, mais c'est quoi au juste des marrons?!

 

Obéir aux règles                                                                                                                        

 Il arrive que tout ce protocole me mette mal à l'aise. Pourquoi le suivre? Il me semble que nous vivons simplement en tout temps... Sauf avec les repas. Parce que non, il ne faut pas déconner avec ça! Il ne faut pas changer ni les règles ni la recette des plats. Comme cette fameuse fois où j'ai suggéré à des amis de mettre des champignons dans les pâtes carbonara. Tout le monde a pris ça pour une blague. J’ai fait semblant de rire aussi. Les portobellos ont fini par pourrir dans le frigo. Juste à côté de ma créativité culinaire.

Même si tout ça peut parfois amener sa dose de frustration, il faut voir le bon côté des choses : apprendre selon les règles de l'art. S’il est intéressant de savoir comment faire une quiche lorraine ou un cassoulet, il est surtout agréable de le faire comme eux, dans la tradition familiale. Cuisiner devient un moment de plaisir. D’histoire aussi.

Il n’y a aucun stress, tout traîne, la vaisselle s’empile et on met de la bouffe partout en rigolant!

Parlant de mettre de la bouffe partout, je me défais peu à peu de mes convictions aseptisées. Grâce à eux. En Amérique du Nord, les gens sont fous d’hygiène. Pourtant, oui, on peut manger du bœuf haché saignant sans mourir. Je l'ai testé en imaginant ma mère blêmir de me voir faire. Si ça pue dans le frigo, ce n'est pas nécessairement parce que quelque chose est en train d’y pourrir. Inutile de le vider pour tout laver. L'odeur vient des fromages. Pas besoin de tout envelopper dans de la pellicule plastique, ni de tout mettre au froid. Se heurter en pleine nuit à de gros saucissons suspendus au plafond n’a plus rien d’extraordinaire.

Tranquillement, je me décoince, me débarrasse de plusieurs idées reçues et de mon individualisme notoire. J'apprécie. La bouffe en groupe, c’est pas mal. Même si c'est long, même si c'est lourd. Parce qu'au final, c'est tellement chaleureux que j'ai parfois l'impression de me retrouver en famille. Et ça me plait sincèrement.   

 

Merci beaucoup mes petits cuistots!

 

                                     .   .   .   .   .   .

 

 Voici une découverte culinaire plutôt intéressante : la liste des essentiels à consommer quotidiennement selon le Guide alimentaire canadien de 1960 :

 

  • 1 grand verre de lait
  • 4 patates
  • 2 tranches de pain
  • 15 ml d'huile de foie de morue

 

 Avez-vous dit rustique?

 

 


bouffe3

8 novembre 2010

-Love dollarama-


 

dolarama

 

Parce que je cherche encore à comprendre la raison de leur amour (inaltérable) pour le fameux magasin de cossins (ô combien altérables)!

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